S’il est une partie
du culte qui me met mal à l’aise, c’est bien la prière
d’intercession. Si souvent catalogue de tous les malheurs du monde,
de tout ce qui ne nous plaît pas, de tout ce qui nous agace, nous
révolte, nous attriste, cette prière me donne le sentiment
qu’elle est une sorte de sac dans lequel nous mettons le linge
sale humain pour que Dieu en fasse le nettoyage. Dans ce cas, ce n’est
pas autre chose que se laver les mains en ayant bonne conscience d’avoir
eu une pensée pour ceux qui sont dans le besoin. Et puis, que
signifie le fait de prier Dieu d’intervenir sur telle situation
en Tchétchénie, pour telle personne en Sierra Leone ?
Qu’il ne saurait pas ce qu’il a à faire en faveur de
la Création ? Ou, pire, qu’il attendrait que je lui donne
le feu vert pour intervenir ? Dans ce cas, est-ce encore au Dieu de
Jésus-Christ que l’on s’adresse ? J’en viens aussi
à me demander si la prière d’intercession n’est
pas conçue comme le temps où l’on organise l’emploi
du temps de Dieu en dressant ses priorités pour la semaine à
venir.
Il me semble que ce n’est pas tant Dieu que l’homme
qui a besoin d’être alerté sur les situations pour
lesquelles il faut intervenir. Et s’il nous apparaît important
de porter une personne, une situation devant Dieu, c’est pour l’entendre
nous dire comment nous pouvons nous-mêmes agir, réagir
pour que ce soit bien sa volonté qui se réalise et non
la nôtre. Le silence et l’écoute d’une parole
autre que la nôtre a, dès lors, toute son importance. Plus
que la prière que l’homme adresse à Dieu, l’intercession
devrait être comprise comme la prière que Dieu nous adresse.

James
Woody