Au moment où la nuit est
si longue, où le froid nous transperce,
où la fatigue de la vie nous pèse,
on sent bien la soif qui est la nôtre
dun peu plus de fraternité et de compréhension.
Depuis toujours les hommes, à cette époque
de lannée, célèbrent la lumière qui
perce encore et malgré tout lobscurité du monde,
en signe de lhumanité que nous ressentons tous, réelle
au fond de nos coeurs.
Du temps des Romains on célébrait les Saturnales.
À la date qui correspond aujourdhui au 17 décembre,
pendant une semaine, on se répandait dans les rues avec des lumières
et on échangeait des cadeaux. On traitait mieux les esclaves
et on faisait même semblant de les servir.
On fêtait aussi le Dieu Mithra. Cétait
un Dieu sauveur qui donnait vie et prospérité, victoire
sur le mal. Il avait tué le Taureau dont le « sang éternel
» faisait vivre les êtres. Il conduisait le char du soleil
et lon attendait quà la fin des temps il paraisse
et embrase le monde : le 25 décembre était le jour du
« Soleil invaincu ».
Les chrétiens ont aimé ces fêtes,
comme nous aujourdhui. Ils ont pensé tout naturellement
que cétait la fête de Jésus-Christ. Qui mieux
que lui suscite la tendresse dans nos curs ? Qui, plus que lui,
met dans nos yeux le regard de la fraternité humaine ? Qui, mieux
que lui, renouvelle lélan vital que Dieu fait monter en
nous ? Qui est capable de mieux nous redonner courage pour affronter
la vie ? Cest lui, ont dit les premiers chrétiens, qui
fait le mieux penser à cette lumière dont nous avons tant
besoin en cette période de fatigue.
Il est plus humain que Mithra et moins sauvage aussi,
son esprit va plus profond finalement que celui des Saturnales.
Les fêtes de fin dannée sont à
tous, chrétiens, juifs, musulmans, agnostiques, athées,
justes, injustes, croyants, mécréants, car Dieu est le
Père de tous les hommes et il se rit de nos distinctions.
Cest Noël dans le coeur de tous ceux quon
invite pour un bonheur normal
Cest Noël quand le pauvre oublie tous les outrages et ne
sent plus la faim,
Cest Noël quand enfin se lève lespérance
dun amour plus réel,
Cest Noël quand soudain se taisent les mensonges faisant
place au bonheur
et quau fond de nos vies, la souffrance qui ronge trouve un peu
de douceur.
Gilles
Castelnau