Union et non pas unité.
Du 18 au 25 janvier a lieu, comme chaque année,
la « semaine de prière pour l’unité des chrétiens
».
Faut-il encore parler d’unité ? Nos contemporains
attendent simultanément de nous des convictions fortes, qui tranchent
avec les théologies passe-partout, et un esprit de dialogue,
qui ne se ferme pas aux autres spiritualités. Il ne s’agit
donc pas, sous prétexte d’ouverture, de vouloir plaire à
tout le monde. Il est hautement significatif de voir le théologien
catholique suisse Hans Küng, interdit d’enseignement par Rome
depuis 1979, déclarer récemment que les protestants «
se doivent d’offrir un profil plus clair et affirmé, face
à Rome notamment ». Cette demande pourrait être adressée
de la même manière aux chrétiens en général
et aux protestants libéraux en particulier : soyons toujours
davantage nous-mêmes et toujours mieux « Évangile
et liberté ». Notre rayonnement en dépend. Le flou
artistique n’est pas mobilisateur. Mettre son drapeau dans sa poche,
c’est faire du libéralisme une eau tiède ; vouloir
parler à tous est le meilleur moyen de ne parler à personne.
La diversité assumée constitue une donnée
fondamentale du protestantisme et une école de l’esprit
de tolérance ; elle ne nous conduit pas à une unité
monolithique et monocolore, mais à l’union. L’union
associe la revendication sans ambiguïté d’une identité
bien profilée au respect des différences et des spécificités
confessionnelles et, plus largement, religieuses.
Disons oui, par conséquent, à une semaine
de prière pour l’union des religions, des chrétiens,
des protestants. L’union conduit à la communion ; elle en
est le gage et la promesse. Et le contraire de la division n’est
pas l’unité, mais bien l’union. 
Laurent
Gagnebin