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Numéro 205
Janvier 2007
( sommaire )

Série : les lamentations

« Rends-leur ce qu’ils m’ont fait Seigneur.
Ferme leur cœur.
Ce sera la malédiction sur eux !
Poursuis-les avec colère et chasse-les de la terre ! »
Lm 3,64-66

4. Stupeur : Voici l’Homme !
Voici la souffrance de Dieu

Edvard Munch, Le Cri,  Musée national d’Oslo © DRChoqués par les propos violents contre les ennemis, nous opposons souvent le Dieu du Premier Testament et celui de l’Évangile. L’un pousserait la justice jusqu’à la vengeance ; l’autre ne serait qu’amour et miséricorde. Pourtant, « c’est seulement quand on admet la colère et la vengeance de Dieu envers ses ennemis comme des réalités valables que l’on peut pardonner et aimer ses ennemis. Celui qui veut immédiatement passer au Nouveau Testament n’est pas chrétien à mon avis », écrit Dietrich Bonhoeffer dans Résistance et soumission. Il sait de quoi il parle, et ne confond pas nos conflits quotidiens avec la véritable expérience de la haine et de la fureur exterminatrice. C’est sans doute à ce niveau que l’on doit entendre la prière contre l’ennemi. Car, selon de nombreux témoignages, un lien atroce risque de tenir la victime rivée à son bourreau pour sa vie entière. La prière contre l’ennemi peut apparaître comme une étape, nécessaire pour certains, du dénouement de ce lien. En demandant à Dieu justice, réparation, protection, elle crie une souffrance, elle dénonce le mal qui terrasse l’humain en l’homme, elle hurle contre l’inhumanité du bourreau. Mais en même temps elle témoigne d’un renoncement à la vengeance personnelle, car elle signifie que l’être écrasé et humilié s’en remet avec force et espérance à la vérité du jugement de Dieu.

Or qui rencontre-t-elle cette prière terrible ? Un Dieu juste et aimant. Un Dieu qui ne peut être l’ennemi d’aucun homme. Un Dieu qui fait pleuvoir sur les bons et sur les méchants. N’y aurait-il donc aucune réparation pour l’homme assoiffé de justice ? Dieu serait-il indifférent au mal ? Au paroxysme du scandale s’ouvre pourtant la voie d’une réparation plus profonde, celle qu’expriment les paroles de Jésus sur la croix : « Père, pardonne-leur ils ne savent pas ce qu’ils font ! » Mais pour atteindre en soi ce niveau de véritable intercession pour l’ennemi, il faut peut-être avoir parcouru tout ce chemin de guérison qui, pour certains d’entre nous, passe par la colère, le désespoir, la prière contre l’ennemi et la demande de justice et de réparation. Sur ce chemin le texte des Lamentations, comme certains psaumes, nous aide à nous battre contre la haine. feuille

Florence Taubmann

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