« Je ne peux
voir une souffrance sans me poser deux questions : quelle en est la
cause, et que puis-je faire pour y remédier ? ». Cette
préoccupation de William Booth, pasteur méthodiste anglais,
explique pourquoi le mouvement quil a fondé embrasse de
par le monde un si large faisceau dactivités.
Pour William Booth, lÉvangile est une énergie
capable de transformer la vie de tout homme. Révolté par
la misère des populations ouvrières en pleine révolution
industrielle, il prêche dans la rue, dans des arrière-salles
de bistrot ou sous un chapiteau de cirque. Joignant le geste à
la parole, il fait ouvrir des abris pour des centaines de miséreux
et apporte des réponses concrètes à leurs besoins.
Son action se résume en trois mots : « Soupe, savon, salut
». Pour encadrer et mettre à luvre les nouveaux
convertis, il structure le mouvement de façon hiérarchique
: « lArmée du Salut » est née.
Le mouvement essaime rapidement au-delà des frontières.
Catherine Booth, fille du fondateur, débarque en France en 1881.
Entre 1917 et 1934, les « commissaires » Albin et Blanche
Peyron donnent à lorganisation un essor remarquable. Le
couple prêche Jésus-Christ, Sauveur des hommes, et se lance
dans la création dinstitutions sociales novatrices, à
Paris (Palais de la Femme, Cité de Refuge
) et en province.
Laction menée en Guyane française aboutit à
la suppression du bagne.
Pendant
la Seconde Guerre mondiale, lArmée du Salut est interdite.
Marc Boegner, président du Conseil national de lÉglise
réformée de France, obtient du gouvernement de Vichy que
les officiers soient intégrés à lERF comme
évangélistes, et que les établissements soient
rattachés à lAssociation des Diaconesses de Reuilly.
La paix revenue, lArmée du Salut développe diverses
actions pédagogiques en faveur de la jeunesse. Après les
« Trente glorieuses », elle participe aux dispositifs de
lutte contre les exclusions (ex. : la création de la Banque alimentaire),
organise et gère des structures daccueil durgence
en partenariat avec dautres associations et avec les pouvoirs
publics.
En 1994, de nouveaux statuts distinguent la gestion de
laction sociale de celle de lévangélisation.
Désormais, la Congrégation de lArmée du Salut,
reconnue comme Église par la Fédération protestante
de France, poursuit la mission spirituelle. Ses postes dévangélisation
sont des lieux où se manifeste aussi une solidarité concrète
en faveur de personnes ou familles en difficulté (aide alimentaire,
accompagnement, activités de loisirs pour les enfants). Lanimation
de rue auprès denfants de quartiers difficiles à
Strasbourg, Mulhouse et Montbéliard se développe avec
le concours dautres Églises et communautés.
De son côté, la Fondation gère 45
établissements sociaux et médicosociaux offrant des prestations
de qualité pour la réinsertion dadultes en situation
dexclusion, léducation et la prévention de
la violence auprès des jeunes, linsertion professionnelle
de personnes handicapées mentales, ou laccompagnement en
fin de vie de personnes âgées. « Secourir, accompagner,
reconstruire » résume sa mission, et celle plus générale
de toute lArmée du Salut.
En hiver, laction auprès des publics en
grande précarité est renforcée pour faire face
aux situations de détresse. Sans délaisser les missions
de plus long terme, elle tente doffrir le minimum vital
un repas et un lit aux personnes qui en sont dépourvues.
À Paris, le service de repas dans la rue se poursuit même
toute lannée.
Au service de Dieu et des hommes, lArmée
du Salut reste portée par des valeurs fortes, chrétiennes
et humanistes. Animée dune volonté permanente dadaptation
aux attentes de notre société, elle ne cesse de mettre
en uvre des réponses innovantes. Pour lheure, elle
affronte la saison hivernale avec des budgets de plus en plus tendus.
Robert
Muller