L’histoire
Réformateurs, plus particulièrement les calvinistes, ont
été très réservés au sujet de l’abondance
des rites dans le culte. Ainsi ont disparu de nos cérémonies
un certain nombre de gestes et d’objets (signe de croix, cierges,
encens, absoute …) et d’habits liturgiques (aube, étole…).
Nos pères en la foi ont, à juste titre,
pensé que les rites pouvaient être dangereux, parce que
pratiqués mécaniquement et reçus de manière
magique. Les rites étaient censés faire venir Dieu, comme
un maître appelle son chien. Or l’Éternel est souverain.
De plus, ces rites visaient à maîtriser et enfermer la
divinité. Mais Dieu, dans sa totale liberté, accorde sa
grâce par ses moyens et non par les nôtres.
Pourtant, l’homme n’est pas un pur esprit.
Il a besoin de rites pour vivre. Serrer la main à un ami, mettre
un costume et une cravate lors d’un entretien d’embauche…
une multitude de rites profanes structurent notre existence. Je pense
qu’il en est de même pour le culte. Loin d’enfermer
la grâce, les rites peuvent être une manière symbolique
d’imager notre foi et de l’exprimer. En ce qui concerne des
rites bibliques, ne pourrait-on pas, par exemple, rétablir l’onction
des malades ? Pourquoi s’opposer nécessairement à
une cène hebdomadaire, ainsi vécue, bien souvent, par
les luthériens ? Des rites simplement « humains »
doivent-ils être balayés d’un revers de main ? Allumer
une bougie devant la Bible ouverte n’exprime-t-il pas que le Christ
est la lumière qui nous éclaire ?
Plus largement, que penser de l’usage de la robe
pastorale, du geste de la bénédiction, des mains jointes,
de l’imposition des mains ? Ils ont leur signification. L’homme
est aussi corporel. Si Dieu s’est incarné en Jésus,
alors pourquoi désincarner nos cultes ? 
Florence
Taubmann