
Numéro 207
Mars 2007
(ce numéro n'est que partiellement en ligne)
Sommaire & Résumés
(
: permet d'aller au corps de l'article)
Éditorial
Un Dieu personnel,
par Laurent
Gagnebin
Beaucoup de croyants ne veulent plus entendre parler d’un
Dieu « personnel ». Affirmer que l’Éternel
est une énergie et un dynamisme créateurs, est-ce
pour autant prétendre que Dieu est « impersonnel »
? N’y a-t-il pas là une confusion entre la personne
et l’individu ? Ce dernier appartient à un processus
biologique et à une catégorie sociale ; il naît
et il meurt. La personne, elle, n’est pas un être déterminé
; elle est spirituelle... 
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Questionner
En novembre dernier, Louis Pernot nous proposait un «
Cahier » sur le thème « science et foi »
(No 203). Hélène Koehl, mathématicienne
et théologienne, poursuit cette réflexion en analysant
les relations entre la science et la métaphysique.
Science et métaphysique
: quel rapport ?, par Hélène
Koehl
Les dernières avancées de la science, que ce soit
dans le domaine de l’astronomie, de la physique nucléaire
ou de la biologie, ne font pas exception à la règle.
Elles portent le débat sur le terrain métaphysique
et spirituel. Quoi de plus naturel, puisque tout bouleversement
de la perception du cosmos ou de l’homme, de l’espace
ou des particules élémentaires, implique un réajustement
de l’univers culturel. Pourtant les relations entre science
et métaphysique sont le plus souvent passionnelles. La raison
du conflit est généralement confusionnelle. Il est
reproché au scientifique de valider le matérialisme
scientifique ou, à l’inverse, il est soupçonné
de partialité ou de dérive idéologique, lorsqu’il
use de son droit légitime de participer aux débats
sur les implications philosophiques et métaphysiques des
découvertes scientifiques, même quand il est lui-même
impliqué dans celles-ci... 
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Agir
La prison est certes une peine. Mais le prisonnier reste
un frère. À la privation de liberté ne
devrait pas s’ajouter l’irrespect, la promiscuité,
la violence… rappelle Werner Burki, qui fut aumônier
général des prisons dans le cadre de la Fédération
protestante de France. Il est actuellement pasteur à
l’Oratoire du Louvre à Paris.
La situation dans les
prisons de France, par Werner
Burki
La prison est un sujet de mode. De temps à autre, la prison
fait événement. Qu’il s’agisse de la manifestation
d’une violence extrême, d’une évasion spectaculaire,
d’un témoignage bouleversant ou d’un rapport accablant
qui condamne notre pays sur le traitement qu’elle réserve
à ceux qui font l’expérience de la privation
de liberté, la presse parle de la peine de prison. Chacun
y va alors de son étonnement et exprime des sentiments d’exaspération,
de révolte et parfois de violence contre des êtres
de l’ombre qui n’ont le plus souvent pour identité
qu’un simple numéro. Mais bien que ces êtres,
sauf cas exceptionnel, soient ignorés pour eux-mêmes,
l’opinion publique, s’irrite, à juste titre que
la prison, en France, soit une telle honte pour la République
!...
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Ces mots qu'on n'aime pas
Rites, par Frédéric
Fournier
Les Réformateurs, plus particulièrement
les calvinistes, ont été très réservés
au sujet de l’abondance des rites dans le culte. Ainsi ont
disparu de nos cérémonies un certain nombre de gestes
et d’objets (signe de croix, cierges, encens, absoute …)
et d’habits liturgiques (aube, étole…)... 
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Série
: les lamentations
Mais toi Seigneur,
Tu es roi pour toujours,
Ton pouvoir royal dure de génération en génération.
Est-ce possible que tu nous oublies pour toujours ?
Que tu nous abandonnes pour toute la vie ?
Fais-nous revenir vers toi, Seigneur, et nous reviendrons vraiment.
Renouvelle notre vie,
Rends-la semblable à celle d’autrefois.
Lm 5, 19-21
6. Nous reviendrons,
nous serons consolés, par Florence
Taubmann
L’histoire d’Israël l’a montré : il
existe un avenir au bout du malheur et de la plainte. Mais l’excès
du mal rend-il possible une véritable consolation ? Certaines
plaies semblent inguérissables, et la mémoire menace
toujours d’envahir le présent et d’assombrir l’avenir.
Pour être vraiment consolé, l’être humain
exige autre chose que la durée, l’oubli ou l’illusion...

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Billet
Ah ! Rouvrez les maisons…,
par James Woody
Comme il est doux et agréable à nos oreilles d’entendre
la société française louer le protestantisme
pour son esprit d’ouverture : ouverture sur tout ceux qui nous
entourent, ouverture sur les questions de nos contemporains, ouverture
sur les défis à venir, ouverture sur les autres disciplines
que la théologie, ouverture sur les langages de notre époque,
ouverture des fenêtres pour dépoussiérer, pour
respirer… le protestantisme plaît parce qu’il est
ouvert et les protestants se plaisent à ne pas s’enfermer
dans leurs chapelles... 
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Méditer
Murs, par Jacques
Juillard
Dans ce monde il y a tant de murs,
tant de cloisons qui arrêtent le vent,
tant de prisons où l’air ne passe plus,
tant de barreaux, de chaînes et de verrous...
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Cahier : Dire Dieu aujourd'hui,
Les
chrétiens et la politique
par Jean-Marie de Bourqueney
Dans quelques semaines, nous allons élire
un nouveau président (ou présidente !) de la République.
L’Église doit-elle participer à la campagne ?
L’église a trop longtemps conservé un pouvoir
politique fort, qui n’avait rien de démocratique, et
dont elle a abusé. Les protestants français sont de
fervents défenseurs de la laïcité qu’ils
ont contribué à construire. Cela signifie-t-il que
les chrétiens doivent se taire dès qu’il s’agit
de politique ? « Quand je donne de la nourriture aux pauvres,
on m’appelle un saint. Quand je demande pourquoi ils sont pauvres,
on m’appelle un communiste », remarquait le cardinal
Dom Helder Camara !
On ne trouve pas de doctrine politique spécifique dans
les évangiles. Avec la « théorie des deux règnes
», certains interprètent l’épisode de «
l’impôt dû à César » (Mt 22,16-22)
comme une injonction de bien séparer les problèmes
politiques (qui s’occupent de notre vie sur terre) des problèmes
théologiques (qui concernent le Royaume à venir…
après notre mort).
Mais la façon dont Jésus invite ouvertement à
sa table des prostituées et des collecteurs d’impôts
est une prise de position politique forte. La loi juive «
vous aimerez l’étranger comme vous-même »
(Lv 19,34), étendue par Jésus à « aimez
vos ennemis » (Mt 5,44), est éminemment politique.
On peut difficilement prétendre suivre l’Évangile
et entourer une nation de frontières étanches pour
éviter toute immigration.
La politique est « l’administration de la cité
». Le chrétien doit, peut-être plus que tout
autre, s’intéresser à l’avenir du monde.
On peut légitimement être à la fois chrétien
et citoyen. Pourquoi entretenir des cloisons étanches entre
ces deux aspects de notre vie ? « Il est impossible dans la
vie chrétienne de dissocier une vie privée et une
vie publique. La personne devant Dieu est un tout et on ne peut
séparer la participation à la société
ou à l’activité professionnelle (qui est politique
!). Nous ne pouvons pas nous désintéresser du monde
dans lequel nous sommes placés, et dont nous sommes responsables
devant Dieu, ainsi que des hommes au milieu desquels nous vivons
», écrivait Jacques Ellul.
Alors pourquoi cette crainte de voir se mélanger Église
et politique ? L’Église doit aider à la réflexion,
interpeller, interroger et parfois protester. Elle manquerait à
sa mission si elle ne le faisait pas.
À l’occasion de l’élection présidentielle,
la Fédération protestante propose sur son site Internet
(www.protestants.org)
onze dossiers sur des sujets importants. Chacun peut les consulter
et surtout en débattre pour avancer vers une société
plus juste et plus humaine.
Marie-Noële et Jean-Luc Duchêne
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Vivre
Cher Qohélet,
par Christine
Durand-Leis
Cher Qohélet, « Il y a un temps pour tout ».
Un temps pour ci, pour ça… Mais justement (ou injustement
?), les temps se heurtent, l’actualité fonce et dans
ce choc des temporalités, il est confortable de tout aplatir
avec un discours « café du Commerce » : «
Finalement, au fond, ça ne change pas. » Cher ami,
bienvenue au comptoir, avec ta sagesse aussi triste qu’immobiliste
: « Ce qui a été, c’est ce qui sera et
ce qui s’est fait, c’est ce qui se fera » (Qohélet
1,9). ...
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En Bref
Dans le monde et dans
les Églises, par Claudine
Castelnau
Écosse et
Angleterre : 300 ans d’union et les Églises…

Angleterre
: Non-discrimination des homosexuels 
Danemarke :
Prédicateurs étrangers sous surveillance 
Slovénie
: Primoz Trubar Réformateur protestant
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Débattre
Chaque été, le spectre de la pénurie
d’eau apparaît et des restrictions de son usage sont
mises en place. Ces craintes sont-elles justifiées ? Bernard
Félix a interrogé Jean Margat, hydrogéologue,
et expert au B.R.G.M. (Bureau de recherches géologiques
et minières).
L’eau : un problème
géopolitique, par Jean
Margat, propos recueillis par Bernard
Félix
Affirmer que les ressources en eau font problème est une
idée à la mode. On en a la preuve par les restrictions
en eau pendant l’été. Est-il exact que ce problème
existe ?
Une telle question n’a de sens que si l’on précise
les lieux et l’échelle de temps dont on parle. Ainsi
en France, depuis une vingtaine d’années, la demande
n’augmente plus et les ressources sont suffisantes ; la situation
est comparable aux États-unis et au Japon. L’irrigation
par aspersion a décru (moins de culture de maïs notamment)
et le problème actuel serait plutôt la vétusté
des réseaux de distribution dont au moins 15 % est à
reprendre, pour diminuer les pertes...
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Commenter
Jésus était plus féministe que ses disciples.
Après avoir été mis au tombeau, c’est
à Marie de Magdala qu’il se manifeste, l’invitant
à se tourner vers la vie. Eux deux, dans le jardin du cimetière,
forment le nouveau couple de la vie, qu’Adam et Ève
avaient gravement compromis dans le jardin d’Eden.
Du Jardin d’Éden
à celui du cimetière, par Vincens
Hubac
(Jean 20, 11-18)
La rencontre de Jésus et Marie au jardin du cimetière
nous dit la Bonne Nouvelle de manière puissante. Pour les
évangélistes Marc et Jean, Marie de Magdala est la
première à être témoin de la résurrection.
Le christianisme primitif avait des accents féministes assez
marqués, surtout dans l’évangile de Jean. N’oublions
pas que la Samaritaine au chap. 4 bénéficie de l’annonce
de la révélation : « Je le suis (le Christ)
moi qui te parle ». La Samaritaine est le premier apôtre
qui annonce à ceux de sa ville : « Ne serait-il pas
le Christ ? » Au chap. 8, la femme adultère bénéficie
de la grâce. Puis c’est Marie, la sœur de Lazare,
qui est « ressuscitée » (Jn 11,29) devant les
témoins étonnés de la voir « se lever
» ! ... 
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Regarder
L’hiver est la
promesse du printemps
|
La vie, même vaincue provisoirement, demeure
toujours plus forte que la mort. 
Martin Luther King
|
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Lire
Livre : Catherine de Médicis,
le pouvoir au féminin 
Livre : L’art de conter la Bible
Livre : La création du monde
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Résonner 
Dans ce tableau de Vermeer, Sylvie Queval, Maître de
conférences en philosophie de l’éducation,
entend un écho de nos tensions et de celles de nos diverses
communautés, ainsi qu’un appel à la réconciliation.
Jésus, Marthe
et Marie, par Sylvie
Queval
Luc 10, 38-42
Marie regarde Jésus qui regarde Marthe qui regarde Jésus.
Les trois visages sont réunis dans la moitié gauche
du tableau, celle qu’isole la diagonale partant du bas à
gauche et montant, en suivant les avant-bras de Marie et Jésus,
vers le haut à droite. À droite de Jésus est
la zone éclairée, la zone lumineuse. L’autre
moitié du tableau est dominée par le vert sombre des
robes de Jésus et de Marie, le vert de l’espérance
certes mais une espérance qui devra sortir de l’ombre...
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Nouvelles
Le Journal Évangile & liberté fête ses 120
ans 
Année 2006 : 2006 abonnés 
Nouveautés 
Journées du protestantisme libéral : Secrets - Faut-il
cacher ? 
Conférences de l'étoile : Où va la France ?

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Citation
L’esprit de Dieu est ce qui devrait inspirer les actes
et les pensées des hommes. C’est la seule référence
que nous ayons en dehors de nous. On peut dire esprit de Dieu
ou Dieu tout court. Comment l’imaginer ? Il ne faut pas
essayer de le faire. Ce n’est pas un individu avec des
membres, une tête et une barbe. L’esprit c’est
l’invisible, c’est l’inconnaissable. On peut
être invisible et inconnaissable et exister quand même.
Théodore Monod, Terre et ciel
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