Au Courrier des Lecteurs
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Courrier des Lecteurs
Dans le N° 207
Nous avons reçu quelques
lettres bienvenues réagissant aux propositions de Roger Parmentier
et d’André Breton (voir
N° de janvier « Courrier des lecteurs ») suggérant
de modifier notre cartouche. R. Parmentier désirait qu’on
ajoute à « refusant tout système autoritaire »
la mention « et toute entreprise de séduction religieuse
ou spirituelle ». A. Breton, lui, désirait qu’on
ajoute à « les hommes qui sont tous, sans distinction,
enfants de Dieu » la précision « qu’ils le
veuillent ou non ».
Parmi ces courriers, dont voici quatre exemples typiques, les uns
disent leur accord avec ces deux propositions, c’est le cas de
Brigitte Harris (Boulogne-Billancourt) et d’Emmanuel Argaud (Paris),
qui ajoute à sa lettre des remerciements pour notre mensuel
qu’il attend chaque mois, écrit-il, « avec une gourmandise
intellectuelle et spirituelle extrêmement vorace ».
Hélène Péronne (Paris), elle, dit son accord
avec la formulation de Roger Parmentier, mais trouve qu’il y
a « quelque chose d’autoritaire voire d’imposé
» dans ce que voudrait A. Breton ; elle souhaiterait alors une
formulation plus douce : « … qui sont tous de fait, sans
distinction et naturellement, enfants d’un Dieu ». Elle
pense que cela permettrait « d’aller au-delà des
trois religions monothéistes ».
F. Champeyrache (Sauzet) apprécie que R. Parmentier parle
de Jésus et non de Jésus-Christ et trouve que l’adjonction
qu’il désire est en accord avec ce que signifie notre
titre Évangile et liberté. En revanche, lui aussi voit
dans le texte d’A. Breton quelque chose de contraignant et de
contraire à la liberté que nous défendons : «
Je n’ai pas envie de dire à ceux de mes frères
et sœurs qui ne se reconnaissent pas, qui ne veulent ou ne peuvent
pas se reconnaître enfants de dieu, qu’ils le sont malgré
eux ».
En résumé, oui à ce que suggère R. Parmentier
et plutôt non à ce que voudrait A. Breton. Cela dit,
le Conseil d’administration d’Évangile et liberté,
qui étudiera ces modifications proposées, est seul habilité
à changer un tel texte…
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L’espèce humaine est
certes le résultat du même processus évolutif
que celui qui a engendré l’immense variété
des êtres vivants. Elle appartient à la nature. Il reste
que les données paléolithiques récentes sèment
le doute sur l’idée d’une simple progression linéaire
du processus évolutif de l’homme, qui semble plus complexe.
Bien que les primates supérieurs aient, à l’origine,
un ancêtre commun unique, les diverses lignées qui en
sont descendues ne se sont pas développées dans une
unique direction, mais ont le plus souvent divergé, chacune
traçant son propre sillon. Aucun animal, même le chimpanzé
actuel, ne conserve ni n’améliore un outil utilisé,
ne crée des œuvres d’art, n’enterre ses morts.
Seuls, nous avons conscience d’être des êtres qui
pensent et éprouvons le besoin de nous interroger sur notre
place dans la nature. Réjouissons-nous en sans nous enorgueillir
pour autant. Que l’homme appartienne au règne animal tout
en étant en même temps qualitativement différent,
n’est-ce pas ce que nous dit Genèse 1, à condition
d’en chercher le sens sous le récit, en se gardant de
tout fondamentalisme et de toute interprétation hâtive
?
Christiane Curtil, Paris
Une réponse de Robert Philipoussi
Je vous remercie de l’apport
qui complète mon billet d’humeur. Je vous suis en tout
point. À propos des outils, peut-être faudrait-il s’interroger
sur cette notion. Les abeilles ne savent pas construire des outils,
en revanche elles construisent des sociétés. Ne s’agit-il
pas d’un outil performant ? Pour les rites funéraires,
le comportement des éléphants devant des crânes
de congénères reste troublant. Je n’évoquais
dans ce billet que le retard de la théologie sur des hypothèses
scientifiques qui changent la donne anthropologique. Quant à
l’intelligence, si l’on est bien certain qu’elle concerne
l’ensemble du monde animal (doté de souffle), on pourrait,
sans preuve, éventuellement garder l’idée que la
« pensée », elle, serait propre à l’humain,
et aussi, comme certains le disent, la conscience d’avoir conscience.
Robert Philipoussi, Palaiseau
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