Ouverture et Actualité
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Actualité cinématographique
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Film
: « Private », Réalisateur Saverio Costanzo (Italie)
avec Loir Miller, Mohammad Bakri, Tomer Russo…Durée: 1h
30
"…résister…placer sa foi en Dieu…".
Voilà des propos qui nous rappellent ceux tenus par Marie Durand,
emprisonnée pendant 38 ans dans la tour de Constance à
Aigues-Mortes. En tout cas ma réaction a été
instantanée quand j'ai entendu Mohhammad les prononcer. Pourtant
nous sommes loin de la France, en Palestine, et nous revivons à
travers le film de Constanzo une histoire vraie dont il a été
témoin et qui présente bien des analogies avec celle
de notre huguenote.
L'armée israélienne occupe la maison de Mohammad et
pense qu'il va partir avec sa famille. Mais pour lui, partir c'est
renoncer et devenir un réfugié, donc ne plus exister,
combattre c'est être écrasé donc se suicider alors
il va rester. Il sait que les conditions matérielles, la menace,
la peur vont être un calvaire et qu'il va devoir résister.
Résister seul non seulement à l'armée israélienne
mais aussi à sa famille, à ses enfants adolescents qui
ne peuvent pas comprendre ni admettre la loi paternelle. Il en sera
finalement récompensé.
Entre documentaire et fiction, Costanzo permet à chaque camp
de faire valoir son droit, sans condamner les hommes mais le système
qui les emploie. De l'injustice et de la guerre jaillit un témoignage
humaniste fort d'un croyant arabe. C'est émouvant et particulièrement
bien interprété par des Israéliens et des Palestiniens.
Ne vous laissez pas influencer par les médias qui en parlent
peu. Ils passent une fois de plus à côté d'un
sujet fort et bien traité, au mépris de la juste cause
des minorités qui mérite le soutien de tous. 
Pierre Nambot
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Film : « Va, vis et deviens », Réalisation
Radu Mihaileanu avec Yael Abecassis, Roschdy Zem, Moshe Agazi, Mosche
Abebe, Sirak M. Sabahat. Durée: 2h20
Schlomo,
médecin engagé dans une O.N.G.et à la recherche
de sa mère, a finalement quelle identité?
En 1980, encore enfant, il est avec sa mère en Ethiopie,
dans un camp de réfugiés, les autres membres de la famille
ont disparu. Un beau jour sa mère lui annonce qu'il doit partir
et la quitter; c'est pour vivre, pour échapper à la
famine donc à la mort. Il dira que la femme qui l'accompagne,
une Falacha, est sa mère, qu'il est juif et s'il le faut, que
sa famille est composée des noms juifs qu'on vient de lui faire
apprendre. Schlomo n'y comprend rien, il sait une chose: il est chrétien
et il veut rester avec sa mère. Celle-ci s'entête et
lui crie "va!". Alors, chassé, il s'en va avec cette
inconnue qui doit le conduire dans un pays où "les rivières
coulent de lait et de miel".
C'est pour Schlomo l'aventure. Sa vie est bouleversée sur
le plan matériel, culturel et spirituel. Il "vit"
émerveillé par tout ce confort, par exemple ici on se
lave et on laisse l'eau couler, on ne la récupère pas.
Il doit par contre oublier ce qu'il sait, apprendre l'hébreux
et que Moïse est le guide spirituel et non pas Jésus Christ!
Il va aussi découvrir que son pays d'adoption comporte des
gens qui sont hostiles à l'intégration et au métissage
des juifs noirs et d'autres qui veulent en découdre avec les
Palestiniens. Sa famille d'adoption va lui faire découvrir
une autre culture, la civilisation occidentale, et il fera ses études
de médecine.
Ce n'est pas un conte mais une histoire réelle qui a été
vécue et rapportée à Mihaileanu. Nous y retrouvons
tous les ingrédients qui caractérisent aujourd'hui la
vie de personnes dont le nombre ne fera qu'augmenter: l'usurpation
volontaire ou involontaire d'identité, le chocs des cultures,
le racisme, la guerre. L'identité et la culture n'échappent
pas à cette perpétuelle évolution, tout blocage
de l'une et ou de l'autre, conduirait au chaos.
C'est un film admirable aussi bien sur le fond que sur la réalisation
cinématographique ( jeu des acteurs, plans, musique). A ne
pas manquer! 
Pierre Nambot
Sur ce film, voir aussi l'article
du N°209
Film : « Million Dollar Baby » Réalisateur
Clint Eastwood avec Clint Eastwood, Morgan Freeman, Hilary Swamk
Durée: 2h12
Le temps passe…Frankie, le
vieil entraîneur de boxe, est dans sa salle maintenant désuète,
vestige d'un temps oublié à l'image de sa vie. Les
années pèsent sur ses épaules mais aussi les
remords tenaces. Son fidèle ami, Scrap, a perdu un œil
parce que Frankie n'a pas voulu jeter l'éponge. Il y a une
autre chose mais il la garde au fond de lui ce qui l'accable encore
davantage. Il va régulièrement à la messe pour
que Dieu allège sa souffrance. Mais comment ne pas perdre
la foi? Le prêtre ne lui donne aucune réponse au mystère
de la trinité, et à bien d'autres questions, par contre
il lui parle de damnation éternelle!
Les circonstances vont amener Frankie à accepter
l'inconcevable: être le manager d'une fille, Maggie! Pour
lui ce sera le retour, pour elle un combat pour la vie. La vie est
un ring, il faut "parer les coups" et lorsqu'on en reçoit,
il faut se défendre, savoir les rendre. Deux solitudes se
rencontrent ainsi, s'apprivoisent et vivent une relation intérieure
de plus en plus intense que le réalisateur filme en douceur.
Nos deux personnages écrasés par la culpabilité
veulent définitivement renaître mais ils vont comprendre
à leurs dépens que la combativité ne suffit
pas. Maggie à force d'obstination va accomplir son rêve
mais à quel prix! Quant à Frankie, le patriarche,
il prodigue ses conseils d'une manière éminemment
filiale qui trouve une résonance dans son propre vécu.
Son dévouement va le conduire à un acte qu'il n'avait
jamais envisagé et qui va nous atteindre violemment, comme
un coup de poing et nous bouleverser.
Clint Eastwood réalise une œuvre magistrale,
émouvante et d'une grande portée morale. A travers
les nombreuses métaphores lourdes de sens, les situations
déchirantes qui portent les émotions les plus simples
et les plus fortes, il aborde le temps qui passe, le retour à
la vie, la filiation, la foi. Par contre il est sans concession
vis à vis de la société américaine qui
laisse pour compte ceux qui, comme un ramassis, stagnent dans les
faubourgs, dans les caravanes. Il n'est pas tendre non plus pour
la famille et ses contradictoires liens du sang.
Le caractère christique qui caractérise
souvent les œuvres de Clint Eastwood se retrouve encore ici;
c'est un film sur le droit de vivre par et pour quelqu'un d'autre.
Million de Dollar Baby vaut bien les Oscars qui lui
ont été décernés. Que votre aversion
pour la boxe ne vous gâche pas l'envie de voir ce chef-d'œuvre!

Pierre Nambot
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Film : « De battre mon cœur s'est arrêté
», Réalisateur Jacques Audiard, avec Romain Duris, Niels
Arestrup, Linh-Danh Pham, Aure Atika, Jonathan Zaccaï, Gilles Cohen.
Durée: 1h 47
Passé un certain âge,
la père devient un fils et un véritable fardeau pour
le fils. C'est le cas de Tom dont le souvenir de la mère, une
grande pianiste décédée, sera pour lui source
de vie. En se remettant au clavier, Tom qui jusqu'à maintenant
a passé son énergie débordante dans des affaires
louches, va connaître la rédemption par l'art! Audiard,
pour mettre en scène ce scénario valeureux, utilise
beaucoup d'artifices cinématographiques. Malheureusement, il
fait dans l'excès et le spectateur averti qui à juste
titre attend subtilité et finesse pour traiter un tel sujet,
ne rentre pas dans le jeu. Audiard dit avoir "couru après
la forme" de son film pendant le tournage, nous pensons que même
le montage ne lui a pas donné.
C'est dommage car après "Sur mes lèvres"
nous nous attendions à mieux. Espérons que ce sera pour
le prochain car Audiard a la potentialité d'un grand réalisateur!

Pierre Nambot
Film : « Palindromes » Réalisateur
Todd Solondz (USA), avec Ellen Barkin, Stephen Ardly Guirgis, Jennifer
Jason Leigh. Durée : 1h 40.
Dès
le début du film le ton nous est donné. Nous entendons
une petite sonate enregistrée par la cousine d'Aviva, qui
s'est suicidée, mais la partition est massacrée comme
va l'être la vie de l'adolescente. Sa mère lui donne
pourtant beaucoup mais elle exige en retour amour et obéissance.
Le résultat est l'affrontement. Aviva alors décide
de devenir mère pour "aimer et être aimée".
Elle tombe enceinte et doit, sous la pression de ses parents, se
faire avorter. C'en est trop pour elle, elle fugue mais en contre
partie de sa liberté, elle va connaître des aventures
périlleuses et sordides et ne trouvera pas ce dont elle a
tant besoin dans cette société injuste et dépravée,
un refuge. Elle pensait bien en trouver un avec une famille chrétienne
qui accueille des enfants marginaux. Mais cette famille, qui a le
mot de Jésus en permanence à la bouche, interprète
le message du Christ comme ça l'arrange. Elle est tombée
chez des fondamentalistes qui combattent l'avortement en affirmant
le droit à la vie, mais qui tuent ceux qui font avorter!
Aviva va aussi découvrir l'amour mais de la plus façon
la plus malsaine. Elle rencontre même un pédophile!
En final, quelque soit la façon dont elle prend la vie ou
la façon dont "elle est prise", Aviva est comme
son nom, ramenée au point de départ, comme un palindrome.
Pour Solondz, c'est la condition humaine: nous changeons
car nous sommes affectés par les événements
de la vie mais finalement nous restons les mêmes. Il décrit
une société américaine, voire occidentale,
rongée par tous ses cancers: argent, bouffe, religion, sexe,…L'enfance
merveilleuse se heurte à la vie sordide des adultes qui consume
l'innocence. Et pour montrer que toutes les filles sont comme Aviva,
il fait prendre à celle-ci les apparences les plus diverses
(jeune rouquine anorexique, noire obèse…).
C'est un film dur, éprouvant très dérangeant
qui, avec des situations et propos cruels et criards, nous fait
toucher violemment les durs aspects de la vie actuelle. 
Pierre Nambot
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