Numéro 173 - janvier 2004
( sommaire )

En Bref

Dans le monde et dans les Églises

PAYS-BAS
Églises protestantes aux Pays-Bas :
« Communautés protestantes »

Le protestantisme réformé néerlandais surprend par sa diversité ! On pourrait penser que cette diversité ne serait que le résultat d’une opposition entre libéraux et orthodoxes. L’Église réformée néerlandaise (Nederlandse Hervormde Kerk : NHK) serait libérale et les Églises réformées gereformeerd des Pays-Bas, fruit de scissions au sein de la NHK, orthodoxes.
Les choses sont bien plus complexes.
Il existe au sein de la NHK des associations orthodoxes qui ont pour but la promotion au sein de la NHK des confessions de foi traditionnelles et du catéchisme de Heidelberg. Inversement, les Églises gereformeerd, réputées plus orthodoxes, accueillent en leur sein des tendances libérales.
Le 1er mai 2004, les deux Églises réformées et l’Église luthérienne fusionneront pour former l’Église protestante néerlandaise, aboutissement d’un mouvement de rapprochement commencé en 1961.
Cette fusion des trois Églises ne signifie pas que chaque Église locale perdra sa spécificité. Ainsi les communautés hervormd, gereformeerd et luthérienne pourront soit continuer de vivre chacune sous sa dénomination particulière, soit prendre le nom de communauté protestante.
Cette union dans la diversité n’est pas non plus nouvelle, puisqu’au sein de la NHK, existent déjà des Églises locales libérales, des Églises locales orthodoxes. Mais cette union, fruit de quarante années d’effort, est le signe de la vitalité du protestantisme néerlandais.

par Nadine Manson,
pasteur de l’Église réformée néerlandaise,
Église wallonne de Leyde (Pays-Bas).

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AFRIQUE
Excision : Encore trop de femmes mutilées.

130 millions de femmes dans le monde sont toujours concernées par les mutilations génitales. Le chiffre est impressionnant et la carte de l’Afrique et du Proche-Orient atterrante : l’excision y fait tache, du Nigeria au Kenya à l’Ethiopie, où l’on continue à pratiquer l’excision ouvertement, aux voisins de République centrafricaine, du Liberia, du Burkina Faso, de la Guinée, du Sierra Leone ou de la Côte d’Ivoire qui ont légiféré contre ces mutilations mais où la demande continue à s’exprimer clandestinement. Enfin trois pays, l’Egypte, le Soudan et la Somalie, les ont interdites en principe mais la volonté politique manque pour faire appliquer la loi. Et le poids de la tradition, à laquelle s’ajoute celui de marabouts ou d’imams, pèse encore trop lourd. Pourtant l’excision s’est développée avant les monothéismes, le Coran n’en dit mot, et elle n’est pas l’apa-nage des seuls musulmans : en Égypte, en Ethiopie, les coptes orthodoxes la pratiquent. Enfin la question économique soulevée par le « licenciement » des exciseurs de villages n’est pas réglée… D’où une bonne nouvelle : au Sénégal, plus de 900 villages du sud auraient officiellement renoncé à l’excision. Certains y ajoutent même le bannissement des mariages précoces, alors que la coutume des mutilations féminines est encore bien partagée par les chrétiens, musulmans et animistes dans d’autres régions du pays. Aux exciseuses, il a fallu trouver d’autres revenus : formation d’accoucheuse traditionnelle ou de commerçante bénéficiant d’un micro-crédit d’une ONG, modernisation de la forge, aide à l’agriculture… Il a fallu surtout s’engager dans une réflexion collective sur les croyances qui accompagnent et justifient cette pratique…

par Claudine Castelnau

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ÉTATS-UNIS
Sorciers et anciennes religions

Aux États-Unis, la « sorcière » Cyndi Simpson du mouvement Wicca s'était vu refuser le droit d’ouvrir par une prière, comme les représentants des autres religions, les réunions du Conseil d’un comté de Virginie. Le juge a reconnu la violation de ses droits constitutionnels. La croyance Wicca s’inspire des religions païennes anciennes. Elle est en pleine expansion aux États-Unis où elle est reconnue officiellement (des sorciers sont aumôniers de prison par exemple). Une étude menée par des universitaires en 2001 estimait que les Wiccans étaient alors 134 000 contre 8 000 dix ans auparavant. Toujours aux Etats-Unis, un chaman apache s’est vu reconnaître le même droit au secret de la confession que le clergé chrétien.Enfin au Danemark, où l’Eglise luthérienne a seule autorité pour décider de la reconnaissance d'autres communautés religieuses, le ministre des Affaires religieuses qui est aussi un pasteur luthérien, vient d’autoriser des Adorateurs des anciens dieux nordiques Odin ou Thor le droit de célébrer officiellement des mariages : « Je pense que nous serions dans l'erreur, a-t-il déclaré, si nous ne reconnaissions pas la religion originelle de notre pays. »

Claudine Castelnau

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OUGANDA
Des enfants vistimes des conflits

Depuis des années Amnesty Inter-national, l’UNICEF, dénoncent les horreurs perpétrées par des groupes de combattants rebelles ougandais « chrétiens ». Ainsi de la LRA (Lord’s Resistance Army-Armée de résistance du Seigneur) qui proclame vouloir prendre le pouvoir en Ouganda pour y instaurer un régime millénariste fondé sur les Dix Comman-dements. La LRA, dont les camps se situent entre le nord de l’Ouganda et le sud du Soudan, sévit depuis la fin des années 80. Mi-secte, mi-guérilla, elle a été fondée par la « prophétesse » Alice Lakwena – l’Agen-ce de presse des Églises d’Afrique (APTA) parle de « sorcière » –, puis reprise par un neveu, Joseph Kony. Incapable de rallier des adultes à sa cause, ce mouvement a enlevé des milliers d’enfants et d’adolescents et les utilisent contre les troupes régulières ougandaises. Les organisations humanitaires dénoncent le régime d’extrême violence subi par ces enfants qui formeraient 90 % des effectifs de la LRA. La CETA (Conférence des Églises de toute l’Afrique) faisait appel le 24 juillet dernier, lors de sa rencontre Nairobi, à Joseph Kony pour qu’il libère sans condition les Ougandais prisonniers et rappelait que le conflit entre la LRA et le gouvernement ougandais avait fait, depuis 1986, au moins 23 000 morts. C.C.

par Florence Taubmann

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