
Numéro 175 - mars 2004
( sommaire
)
Regarder, Écouter, Lire
Livre : La dame d’En
Haut.
L’auteur a écouté
les confidences de Marie-Louise Girod pendant plusieurs mois. Elle l’a
accompagnée trois années de suite à l’Académie
d’Orgue de Saint-Dié. Elle a recueilli les lettres de la
cinquantaine de témoins qui ont accepté d’écrire
quelques lignes sur la célèbre organiste, titulaire de
la tribune de l’Oratoire du Louvre à Paris depuis 1941,
accompagnatrice du culte radiodiffusé sur France-Culture depuis
1962 ; qui n’a entendu le dimanche matin à 8 h 30 : «
à l’orgue, Marie-Louise Girod » ?
Ce livre rempli d’anecdotes et de témoignages
nous fait découvrir ses origines familiales et religieuses, sa
formation et sa carrière de musicienne, les étapes de
sa vie.
Trois hommes ont beaucoup compté pour elle : Wilfred
Monod, pasteur de l’Oratoire qui l’a convaincue de devenir
organiste puisqu’elle ne pouvait pas être pasteure ; Marcel
Dupré, son professeur au Conservatoire de Paris ; et son mari
André Parrot, pasteur, archéologue, directeur du Musée
du Louvre.
Ce livre est préfacé par le pasteur Michel
Bertrand qui conclut sur une des leçons de ce livre : le bonheur
que nous livre l’Évangile.
Jeannie Persoz
Marie-Hélène Luiggi, Marie-Louise Girod. La
dame d’En Haut.
Imprimerie Lormand. BP347. 62 avenue Gambetta. 82000 Montauban.
167 p. + 10 pages photos. 15 € + 2,65 € de port.
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Livre : Penser le Dieu vivant
Une trentaine de théologiens
se sont réunis pour offrir au professeur André Gounelle
un témoignage de reconnaissance : « Penser le Dieu vivant
» édité chez Van Dieren.
À lire tous ces articles on a bien l’impression
de rencontrer un Dieu vivant qui inspire chaque auteur. Au fil de la
lecture nous rencontrons des penseurs chrétiens qui ont influencé
le XXe siècle et qui sont toujours d’actualité :
Schweitzer, Tillich, Bultmann, Whitehead pour ne citer que les plus
connus. Nous croisons aussi les pas de Luther et de Calvin. La Réforme
et la pensée libérale sont ici bien unies même si
les auteurs de ce mélange ne se réclament pas tous du
libéralisme.
Si certains articles sont plus difficiles à lire
pour un lecteur non théologien, la grande majorité d’entre
eux reste très accessible à tous, l’ouvrage mérite
qu’on s’y arrête… et qu’on y revienne. Il
exprime la richesse et la diversité de nombreux courants de pensée
et d’approches théologiques d’aujourd’hui : théologies
de la culture, de la mort de Dieu, du Process. Exégèse,
théologie, histoire, les articles sont très variés
et ouvrent de nombreuses perspectives de réflexion dans lesquelles
chacun puisera un peu de nouveauté et parfois d’étonnement.
Ces « mélanges » font honneur à
celui auquel elles sont offertes pour le plus grand plaisir des lecteurs.

Vincens Hubac
Marc Boss, Raphaël Picon et alii, Penser
le Dieu vivant, Van Dieren Éditeur, Paris, 2003, 500 p.,
45 €, ISBN 2-911087-39-9
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Livre : Alain
Revenir sur l’œuvre
de Chrétien de Troyes est un détour nécessaire
pour toute personne désireuse de comprendre la mentalité
médiévale. Dans son dernier ouvrage « En quête
du Graal » édité chez Aubéron, Bernard Félix
nous présente une étude érudite mais accessible
à tous, sur le thème de ce mythe qui a influencé
la chevalerie. Il est remis à l’ordre du jour par des spiritualités
modernes qui, si elles ne recherchent plus le Graal, mettent l’accent
sur la recherche intérieure et personnelle du Graal.
« En quête du Graal » nous montre,
entre autres, comment Chrétien de Troyes a su allier les mythes
celtes et chrétiens pour une œuvre originale, souvent reprise,
permettant de comprendre le déclin de la chevalerie ainsi que
le rôle de l’amour courtois.
Instruite dans l’œuvre de Chrétien de
Troyes, la pédagogie de l’échec que relève
Bernard Félix est, elle aussi, extrêmement intéressante
et pleine d’enseignement.
Vincens Hubac
Bernard Félix, En quête du Graal, Aubéron, 2003,
254 p., 20 €, ISBN : 2844980562.
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Cinéma : Elephant
L’image est une
forme d’expression au même titre que la parole. Mais, alors
que notre culture s’est formée par des siècles d’analyse
de textes, nous assistons à une mutation où le visuel
prend le pas sur l’écrit, sans que ce mode d’expression
soit soumis au même apprentissage d’analyse. Le déferlement
d’images risque alors de submerger notre distance critique et de
privilégier l’émotionnel plutôt que le rationnel.
Au point que l’effet émotionnel devient critère de
qualité. On dit bien d’un film qu’il nous a «
touchés ».
En sortant d’un film récent, Elephant de
Gus Van Sant (2003, Palme d’Or et Grand Prix de la mise en scène
à Cannes), j’entendais autour de moi des critiques lui reprochant
de ne pas avoir produit cet effet. « On n’arrive pas à
entrer dedans. » C’est qu’ici le cinéaste a choisi
de se servir de codes visuels comme outil d’analyse. Inspiré
du même fait « divers » que Bowling for Colombine,
et filmé avec de vrais lycéens dans leur univers habituel,
ce film présente précisément une cohérence
entre forme et fond qui produit un vrai choc. Le récit est des
plus simples : des jeunes sont filmés le plus souvent de dos
dans leurs déplacements croisés, bribes de vie quotidienne,
banale, sans qu’une histoire vienne établir un lien émotionnel
entre eux et le spectateur. Ensuite on assiste à un jeu vidéo
: les joueurs tirent avec des armes virtuelles sur des personnages,
simples silhouettes sur l’écran. Aucune émotion,
sinon le plaisir de gagner le jeu. Des armes réelles arrivent
par la poste. Et les jeunes joueurs transposent le jeu dans la réalité.
Les lycéens dont on avait suivi auparavant les déplacements
deviennent des cibles, à abattre sans émotion.
On se souvient que « personne » vient de
« persona », masque de théâtre dont l’acteur
endosse le rôle pour lui conférer l’épaisseur
d’un personnage. Dans ce film, les personnes sont réduites
au contraire à l’état de cible. Aucune explication
n’est donnée – sinon peut-être celle d’un
père, absent de sa fonction, en début et fin de film.
Le regard clinique du cinéaste rend évident que, hors
le tissage relationnel qui fait l’épaisseur de l’existence,
il n’y a plus « personne ».
Waltraud Verlaguet
Elephant de Gus Van Sant sortira en DVD le 5 mai 2004 chez MK2 Video.
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Lire : Une nouvelle librairie
protestante à Paris
Paris a connu, depuis 20 ans, la
fermeture de plusieurs librairies protestantes. Beaucoup d’entre
nous ont vu disparaître tour à tour celle du Boulevard
St-Germain, celle de la Rue Gay-Lussac et enfin, celle de la Rue de
Clichy. Un temps donc restait pour seule librairie protestante à
Paris, celle des Baptistes, Rue de Lille, tenue de main de maître
par Denis Guillaume.
Guylène Dubois, pour pallier ce manque, a créé
une initiative intéressante, celle d’une librairie itinérante,
L’Arrêt-aux-Pages, parvenant ainsi avec détermination
à porter le livre là où il n’habite pas. Beaucoup
de nos lecteurs ont eu le plaisir de la rencontrer à Agde où
elle tient depuis 2 ans le comptoir de librairie. Elle gère désormais
de nombreux comptoirs de paroisses et son site internet qui s’étoffe
chaque jour mérite le détour.
Quand Oberlin a décidé de fermer la librairie de la
Rue de Clichy, Federica Cane, qui a géré le magasin pour
eux pendant un peu plus d’un an s’est battue pour parvenir
à la réouverture de cette librairie, entièrement
rénovée, créant une nouvelle maison pour le livre,
dans un lieu spacieux et clair.
Entourée de nombreuses personnalités du protestantisme
français, elle a conduit à la constitution d’une
société anonyme – qui procédera prochainement
à une augmentation de capital – qui gère cette nouvelle
initiative.
Ce sera chose faite le 29 février prochain. Ainsi, quand vous
lirez ces lignes, la nouvelle librairie, rebaptisée Un temps
pour tout, aura ouvert ses portes.
Nous avons la chance d’avoir deux jeunes femmes, charmantes et
courageuses, qui vivent la nécessité de porter le livre
et la pensée protestante. À nous maintenant de profiter
de cette chance, de les suivre et de les assister dans cette mission.
Laurent Gagnebin
contacts :
- Un temps pour tout (Federica Cane)
47, rue de Clichy, 75009 Paris.
Ouvert le lundi de 14 à 19h ; du mardi au vendredi : de 10
à 19h ; le samedi de 10 à 13h30 et de 14h30 à
19h.
Tél. et fax : 01 45 26 27 27
mail : un-temps-pour-tout@wanadoo.fr
- Librairie itinérante L’Arrêt-aux-Pages (Guylène
Dubois). Tél. et fax : 01 43 97 22 07.
mail : guylene@arretauxpages.com
site web : http://www.arretauxpages.com
Toutes deux pratiquent la vente par correspondance.
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