Le printemps est revenu avec ses
brises douces et ses couleurs brillantes. Plus haut, le soleil s’élève
au-dessus des grands arbres du jardin et met en évidence, sur
la marche du perron, les miettes que je dépose après le
petit-déjeuner.
Après les grands froids qui l’ont en partie interrompu,
le ballet des oiseaux a repris, plus vif. En levant les yeux de mon
journal, j’ai toujours plaisir à le regarder. Dernières
à venir, plus frêles, sont les mésanges à
tête noire. Que constaté-je ? Menues et sautillantes, elles
sont maintenant trois à picorer avec hâte pour profiter
des instants de tranquillité que leur laissent les merles.
Au début de l’hiver, une seule mésange, plutôt
souffreteuse, s’attardait sur la pierre froide ! Ce n’est
plus mon amie qui est revenue. Le temps de me demander ce qu’elle
est devenue, l’évidence s’impose : la faim, le froid
ou bien les attaques des oiseaux les plus vigoureux ont eu raison d’elle,
mais elle a joué son rôle pour que l’offrande de mes
miettes soit plus accessible. Où se cache sa dépouille
? Un oiseau qui meurt ne peut que s’envoler vers le ciel !
Alors que je la cherche encore dans mon souvenir, l’apparition
des trois jeunes me rassure. Courageuses, intrépides mésanges,
tout aussi déterminées. La relève est là
qui reprend le rôle de la précédente pour me conduire
à plus de générosité. Ne cherchent-elles
pas, en approchant de la porte, à m’inciter avec gentillesse
à comprendre leurs désirs. Fidèles disciples de
la disparue !
La mort n’a pas eu raison de celle que j’appelais la souffreteuse,
puisque son message continue à me parvenir. 