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Numéro 180-181
août-septembre 2004
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Les protestants se rassemblent autour du salut par la grâce. Mais les évangiles sont souvent plus nuancés. Témoin, cette belle histoire du petit percepteur Zachée.

Zachée, guéri de son mal
Luc 19,1-10

 

Voici la huitième fois que le Jésus lucanien rencontre un collecteur d’impôts. Manifestement, Jésus a une certaine compassion pour ces gens-là, bien qu’ils soient souvent assimilés aux pécheurs dans les évangiles. Par exemple, juste avant cette rencontre, Jésus compare la prière d’un collecteur d’impôts et celle d’un pharisien qui se trouvent ensemble au Temple ; et il conclut que c’est le premier qui sera déclaré juste en redescendant chez lui, et non le second. C’est peut-être parce que Zachée a entendu parler de cette compassion qu’il cherche à mieux connaître Jésus. Il se sait infréquentable, mais il se dit que, s’il parvenait à voir Jésus, il se sentirait mieux, lui qui est riche, mais exclu de son peuple, comme il est grand sur son sycomore, mais petit dans la foule.

Une fois de plus, Jésus déclenche l’inattendu. Car c’est lui qui voit Zachée et l’appelle par son nom : « Tu voulais savoir qui je suis ? Et bien moi, je sais qui tu es, je t’appelle par ton nom et je viens chez toi. » Et Zachée signifie en hébreu « celui qui est pur ». Toujours pécheur et déjà purifié, dirait Luther. Avec Jésus, tout s’inverse. Zachée voulait voir et c’est lui qui est vu. Il voulait être grand et il doit descendre pour retrouver sa petite taille. Il voulait s’isoler et il doit se mêler à nouveau à la foule. Cela fait beaucoup pour un petit homme. Mais il est heureux d’être appelé et court accueillir Jésus.

Alors apparaît la jalousie des hommes : « Pourquoi aller chez celui qui nous prend notre argent et non pas chez nous qui sommes tellement plus recommandables ? » Jésus a déjà répondu de nombreuses fois auparavant, mais les hommes n’ont rien compris : « Ce ne sont pas les bien portants qui ont besoin de médecins, mais les malades » avait-il dit au repas chez Lévi. Les hommes n’ont pas compris que le sauveur sauve ceux qui en ont besoin ; ceux qui se sentent mal, parce qu’ils sont trop pauvres ou trop riches.

C’est au point que Zachée éprouve le besoin de se justifier en déclarant solennellement donner aux pauvres la moitié de ce qu’il gagne. Mais vient-il de le décider, du fait que Jésus l’appelle ? Ou avait-il commencé à le faire déjà, avant cette rencontre ? Luc prend bien soin de ne pas préciser cela. Ainsi il ne dit pas si l’appel de Jésus entraîne la bonne action, ou s’il en est la conséquence. Et c’est mieux ainsi. Ce qui est bien probable, c’est que Zachée s’engage, sans doute pour la première fois. En déclarant devant la foule ce qu’il donne aux pauvres, il ne peut plus revenir en arrière, ni se dérober. Le partage de ses biens est maintenant irréversible et le voilà libéré.

On ne sait rien non plus de la foi de Zachée. Voilà un homme qui est sauvé, mais personne ne s’occupe de savoir s’il a la foi ! On ne nous parle que d’argent, et quel argent ! Zachée ne s’entretient avec Jésus que de problèmes d’argent. Mais le voilà délivré, libéré, parce qu’il réaffirme sa décision de partager. Il est guéri de son mal, sauvé.

Nous voyons que, dans cette belle histoire, le salut n’est pas une affaire de foi, une question de croire ceci ou cela, d’adhérer à telle ou telle doctrine. Ici, il est plutôt lié à la décision de partager. Décision qui libère. C’est l’abandon d’une partie de ses possessions, d’une partie de son égoïsme, qui fait venir le salut dans la maison de Zachée.

Dans d’autres histoires, Luc insiste sur le rôle de la foi pour le salut : « Retrouve la vue, ta foi t’a sauvé » dit Jésus, rencontrant un aveugle, juste avant Zachée. Ainsi donc, suivant les circonstances, les hommes n’ont pas besoin du même salut. Lorsqu’ils sont malades, ils sont guéris par la confiance. Lorsqu’ils se comportent d’une manière douteuse, ils sont guéris par la décision de changer, la décision de penser un peu moins à eux-mêmes et un peu plus aux autres. Luc ne dit pas si le salut vient de la grâce, ou s’il vient des œuvres. Il dit qu’il vient d’une rencontre qui délivre l’homme de sa misère. feuille

Henri Persoz

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