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Femmes et enfants à l’entrée de l’hôpital d’Albert Schweitzer à Lambaréné. DR. |
Une chambre a été trouvée à quelques kilomètres ; nous avons traversé des champs et Sarah s’est écrié « mais vous m’emmenez en province », totalement paniquée…
Comment rester dans les limites de ma fonction ? Il fallait bien retourner à l’hôtel le samedi, avancer les frais, en attendant que l’Aide Sociale à l’Enfance prenne le relais, sinon Sarah n’aurait pu rester à l’hôtel. Impossible de ne pas lui dire bonjour… Et là : « Ézéchiel respire mal, il a de la fièvre et je n’ai pas de thermomètre ; c’est comme quand mon frère est mort du SIDA. »
Je ne pouvais rentrer chez moi l’esprit libre et aller au culte le lendemain, faisant éventuellement une prière d’intercession… La situation a été investie par toute la famille pour nous faire réagir, combattre, entrer dans l’action !
Comment laisser dans la rue des femmes fragilisées par le déracinement, la maladie, la précarité et inquiètes pour leur bébé ? Faut-il accepter que la seule solution soit « un accueil provisoire » par l’Aide Sociale à l’Enfance… c’est à dire une séparation mère/enfant pour précarité sociale ?
Ai-je le droit de travailler à favoriser la santé de la mère et de l’enfant dans mon secteur professionnel, et de fermer les yeux le week-end quand la patiente est sortie de mon service ? Pourrais-je alors prêcher l’amour du prochain, l’entraide et la solidarité ?
Sarah a pu être soutenue par différents professionnels et bénévoles avant d’entrer en centre maternel. Elle a ensuite été aidée pour s’insérer : elle travaille maintenant comme auxiliaire de vie auprès de personnes âgées à domicile, et a quitté le centre maternel pour un appartement autonome.
C’est juste d’un « coup de pouce » que ces femmes ont besoin. Ensuite, hébergées correctement, consolidées dans leur rôle de mère et rassurées sur leur santé, elles peuvent travailler et sont même souvent motivées pour accomplir avec une extrême gentillesse des tâches pour lesquelles l’A.N.P.E. a du mal à trouver des volontaires.
Sarah n’est pas la seule. Je travaille quotidiennement avec des femmes en difficulté comme elle, qui ne peuvent être « lâchées » à la sortie de l’hôpital ! Il faut donc se battre, combattre pour la création de nouvelles structures d’accueil. Le CASP (Centre d’Action Sociale Protestant) travaille depuis des années dans ce sens à Paris.
C’est grâce à Sarah que nous avons eu la motivation et l’énergie de créer une association à Marly pour monter un établissement d’accueil mères/nourrissons : il y a un manque cruel dans les Yvelines (département malheureusement réputé riche !) et Sarah nous a permis une prise de conscience. Le CASP s’investit pour que ce projet ambitieux voie le jour.
Il faut combattre partout, ne pas baisser les bras et
créer des structures dans tous les départements ! Ce pourrait
être un grand projet d’entraide pour toutes les Églises
!
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Numéro 188 |
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