Puis-je le confesser
ici, je suis fondamentaliste en ce que je crois que la Bible est inspirée
jusque dans son moindre petit iota. Mais parce que je suis fondamentaliste,
je suis libéral en ce que ma lecture littéraliste de la
Bible me dit que Dieu est toujours au-delà de ce qui est écrit.
Parce que je suis fondamentaliste, je suis obligé dentendre
quil y a deux récits de Noël, deux versions des béatitudes,
du Notre Père, du dernier repas de Jésus, de lAscension
et la Pentecôte de même quil y avait deux récits
de création, des dix paroles et de lhistoire dIsraël.
Parce que je suis fondamentaliste jentends quun seul évangile
cest trop petit pour me dire Jésus-Christ, cest pourquoi
la Bible en a retenu quatre.
Cette association entre littéralisme et libéralisme
ma été soufflée par un ami rabbin. Un jour
que jétais dans son bureau, je lai interrogé
:
On est entre nous, les micros sont fermés
et je ne te dénoncerai pas : crois-tu que la Torah a été
écrite par Moïse ?
Il a éclaté de rire en disant que bien
sûr que non.
Alors pourquoi le dis-tu ?
Pour dire deux choses. Dabord je reçois
la Torah avec la même autorité que si elle avait été
écrite par Moïse. Ensuite je dis : la question de savoir
qui a écrit la Torah ne mintéresse pas, ce qui mintéresse
cest ce quelle me dit, à moi, aujourdhui, jusque
dans ces moindres détails.
Je signe pour cette herméneutique là. Je
me fiche de savoir comment le monde a été créé,
si Joseph et Marie se sont connus à Nazareth ou Bethléem
et si les disciples ont reçu le Saint-Esprit le jour de Pâques
ou cinquante jours après ; ce que je sais, cest que les
deux récits de création, de Noël et de Pentecôte
ont quelque chose de fondamental à dire à ma foi et quen
cela ils sont paroles de Dieu.
Antoine
Nouis