Comme le note déjà
en 1530 Melanchthon, l’ami de Luther, les chrétiens parlent
beaucoup de foi, mais ne s’accordent guère sur le sens de
ce mot.
Au Moyen Âge et à l’époque classique,
beaucoup considèrent que croire veut dire accepter et faire siennes
des croyances, dont on dresse la liste dans des textes appelés
précisément « confessions de foi ». Ici, la
foi consiste, avant tout, à adhérer à des doctrines
et le bon croyant se caractérise par son « orthodoxie ».
D’autres privilégient l’affectivité
; ainsi, la période romantique cultive une piété
émotive, qui va parfois jusqu’à une sensiblerie religieuse.
La foi naît quand l’Évangile remue une âme,
lorsque le Christ touche un cœur. Elle se manifeste par des larmes
(de repentir ou de joie) qui témoignent de son authenticité.
«J’ai pleuré, donc j’ai cru», écrit
Chateaubriand.
Enfin, sous l’influence de l’existentialisme,
on a présenté la foi comme une décision, un acte
de la volonté qui s’engage pour le Christ. « Croire,
ce n’est rien d’autre que vouloir croire », écrit
le philosophe espagnol Miguel de Unamuno commentant le pari de Pascal.
Le savoir ne peut pas déterminer la juste orientation à
donner à sa vie ; il faut donc opter, prendre parti, avec le
risque que cela comporte. La foi est ce choix pour Dieu.
Ces diverses conceptions ont toutes une part de vérité
; la foi implique bien des croyances, des sentiments et des décisions.
Elles sont cependant insuffisantes et laissent de côté
l’essentiel. Le Nouveau Testament appelle « foi » une
relation vivante et personnelle avec le Christ ; elle est la présence
agissante de Dieu dans l’existence du fidèle. Ce sera notre
thème du mois prochain. 
André
Gounelle