Les religions, philosophies
et spiritualités apprécient différemment la valeur
du monde et divergent sur l’attitude que le croyant doit y adopter.
En simplifiant, on peut distinguer deux grandes tendances.
La première pense que le monde reflète
la volonté divine. Dieu est tout-puissant ; par conséquent,
n’arrive et n’existe que ce qu’il a décidé.
Le croyant accepte les événements et se soumet à
l’ordre des choses. Quand un malheur arrive, il se dit : «
Telle est la volonté de Dieu ; ce qui me semble être un
mal vient de lui, il s’agit donc en réalité d’un
bien, même si je ne le perçois pas et ne le comprends pas.
»
La deuxième, au contraire, voit dans le monde
le domaine du mal, opposé à Dieu. Si Dieu règne
dans le ciel, la terre est aux mains du diable. Le croyant s’en
détourne, s’en désintéresse ; il se détache
de la réalité pour cultiver la sphère de l’intériorité
ou de la spiritualité. Alors qu’il est sur terre, il se
préoccupe prioritairement du ciel. Selon une expression classique,
« entrer en religion » équivaut à «
sortir du monde ».
Dans les deux cas, on a une foi sans espérance
pour notre monde : la réalité est ce qu’elle est
; il faut soit l’accepter si on la juge bonne, soit la fuir si
on l’estime mauvaise. L’Évangile s’inscrit dans
une autre perspective, beaucoup plus dynamique, celle d’un changement.
Les thèmes du Royaume qui s’approche, de la nouvelle création
et de la nouvelle naissance, du salut, de Dieu qui fait toutes choses
nouvelles sont au cœur du Nouveau Testament. Ils signifient que
Dieu travaille à faire bouger les êtres et à modifier
les choses. Nous n’avons ni à nous résigner à
la réalité ni à nous en évader, mais à
participer à sa transformation. La foi chrétienne est
une espérance active. 
André
Gounelle