À propos de l'article
d’Antoine Bosshard sur la Chine, un lecteur nous propose
une réflexion sur le thème « une vérité,
plusieurs formulations ».
L’article
du numéro 200, « La Chine, mensonge et vérité
», paru sous la rubrique « débattre »
m’a suscité une ou deux réflexions dont je me permets
de vous faire part, pour éventuellement alimenter le débat.
Tout d’abord, cet article montre bien qu’il n’est
pas vraiment enrichissant d’examiner un système de pensée
à l’aide de critères, de concepts ou de présupposés
appartenant à un autre système de pensée.
La pensé chinoise, plusieurs fois millénaire, qui
ne doit en aucun cas être confondue ni même réduite
à celle du régime actuel, mérite d’être
étudiée en profondeur avec tout le respect que le chrétien
se doit de manifester à l’égard de ses frères
en humanité.
Si l’on veut simplement la mesurer à la notre avec nos
propres critères de référence, il est certain
que la critique peut être abondante. Mais cela ne semble aboutir
qu’à nous conforter dans notre suffisance.
Par contre, comme le suggère un autre article du même
numéro, si on prend le risque d’une véritable rencontre
avec cette pensée étrangère, nous pourrons trouver
parmi tout ce qui la différencie de la nôtre, de quoi
affiner notre regard sur nous-mêmes.
Nul n’est prophète en son pays. Si donc nous refusons
le message que l’étranger peut nous apporter, nous n’entendrons
jamais les prophètes.
En ce qui concerne la vérité, sans remettre en cause
le fait qu’elle soit unique, la pensée chinoise peut nous
aider à admettre qu’elle puisse être approchée
par de nombreux chemins et qu’elle n’apparaisse pas identique
à tout le monde. Pas plus qu’elle ne doive nécessairement
être dite à tout le monde de la même manière.
En tant que chrétiens, nous savons bien que l’Évangile
nous a été transmis par quatre évangiles. Chacun
visant principalement tel ou tel type de communauté.
La pensée chinoise traditionnelle, loin de l’impérialisme
communiste actuel, affirme également le besoin de plusieurs
formulations pour tenter d’approcher la vérité.
Ceci se retrouve dans des domaines tout à fait concrets comme
l’acupuncture, où un seul réseau de méridiens
et de points ne saurait suffire à refléter la complexe
réalité de l’interdépendance organique.
Dans le domaine de l’application de la loi, la prise en compte
des circonstances spécifiques à chaque cas, pouvait
en Chine l’emporter sur l’application brutale d’une
règle formulée de façon très générale.
En résumé, vu l’immense richesse de la vérité
absolue et la limitation de nos moyens humains pour la percevoir,
c’est plutôt en nous rapprochant les uns des autres et
en nous stimulant que nous progresserons sur la voie que nous ouvre
l’Esprit.