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Dans le N° 201


Repentance de la Fille prodigue

J’avais décidé de ne pas renouveler mon abonnement à Évangile et liberté : non ce journal était vraiment trop insipide, je n’y apprenais rien, j’étais certaine d’avance de ce que j’y lirais… Je laissais donc les avis de fin d’abonnement s’accumuler. J’étais même agacée de tous ces appels à rentrer au bercail jusqu’à ce que, pour en finir, je décide d’expliciter mes « raisons » de ne plus m’abonner. Je rédigeai alors un texte justificatif qui mettait ma conscience en paix : « vous êtes bien gentils, mais vous ne me nourrissez pas », disais-je en substance.

Je me voulais en rupture familiale. À quoi bon lire ce qu’on pense ? Il me fallait aller vers l’inconnu, l’étranger, découvrir ce qui me choquait… C’était sans compter sur la vigilance des pères tutélaires ! Une réponse, fort inattendue, de L. Gagnebin mit en suspens ma course aux caroubes. On comptait sur moi, chez moi ? Tiens, je n’y avais pas pensé…

Soit ! Fille prodigue, certes, mais aussi fille attentive, je renouvelai donc ce fameux abonnement. Cela me valut de recevoir deux exemplaires du numéro de mai. Joie ! Le football à la une ! Exactement le thème dont je n’ai pas envie d’entendre parler. On n’avait pas tué le veau gras pour mon retour.

Pourtant en « anarchiste qui traverse dans les clous » (p.14 d’Évangile et liberté de mai), je me fis un devoir de lire tout le numéro et… oh stupeur, j’y pris goût. J’ai pris goût à ces textes courts, très (trop ?) aérés, ces textes qui me confortent dans ce que je crois et pense. J’ai accepté la réunion de famille : comme d’habitude R. Picon écrit tout haut ce que je pense tout bas, comme d’habitude A. Gounelle condense ce que je dirais moins bien, comme d’habitude J.P. Sauzède évoque mes pensées secrètes… je ne les cite pas tous, ces « parents » que je fuyais comme trop connus.

Longtemps, je me suis cru fille docile. Il m’aura fallu cette curieuse histoire de réabonnement à une revue, pour avoir le bonheur de découvrir, enfin, le point de vue de l’autre fils.

Je fais ici une lecture bien peu orthodoxe de la parabole. Qu’on ne croie pas que je confonds Évangile et liberté avec le Royaume ! Non, l’image s’est simplement imposée à moi, que j’étais heureuse d’être rentrée « à la maison » et que je ferai dorénavant moins la fine bouche.

À tous, merci et… « SDG » (voir Évangile et liberté de mai, p.15 !).

Sylvie Queval, Roubaix

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Expiation toujours et encore

Je voudrais élargir la réaction de Claude Olivier Fischer (Courrier des lecteurs, Évangile et liberté n° 199) sur le thème de l’expiation. En Ex 34, l’Éternel dit qu’il « pardonne les péchés » indéfiniment, car il est « compatissant, riche en bienveillance ». Au Ps 103, « il éloigne de nous nos offenses autant l’orient est éloigné de l’occident ». Par le prophète Isaïe, il proclame qu’il est un père au cœur d’une mère : « C’est moi qui efface tes crimes pour l’amour de moi et je ne me souviendrai plus de tes péchés. Une femme oublierait-elle son nourrisson ? N’a-t-elle pas compassion du fils de ses entrailles ? »

Jésus confirme l’amour inconditionnel du Père dans la parabole mal nommée du fils prodigue. (NDLR : Claude Schwab donne pour titre à cette parabole Un père prodigue dans un excellent petit livre paru aux Éd. du Moulin en 1985.)

Question : puisqu’il n’y a pas ou plus de péché non pardonné, pourquoi Jésus a-t-il dû mourir d’une façon affreuse pour payer une facture qui n’existe pas ? Aucun théologien n’a pu me donner une réponse. Car ou bien la bonté du Père est toute relative (il a quand même besoin de sang) ou bien il faut changer de perspective.

« Voici l’agneau de Dieu qui ôte le péché du monde » (Jn 1,29). L’agneau était le signe de la royauté en Judée. LE péché du monde est la séparation d’avec le Père, ne pas accepter d’être un membre de son Royaume. Jésus, le roi, va montrer par sa vie et sa mort qu’il n’y a pas de séparation avec Dieu, ni dans la vie, ni dans la mort.

Tout le monde a participé à la mort de Jésus : les autorités romaine, civile (Hérode), religieuse (Sanhédrin), le peuple (crucifie-le), un disciple. Jésus était bien mort ; en le ressuscitant, le Père montre qu’il n’est pas séparé de sa famille des humains. Cette perspective rétablit la véritable identité du Père qui n’a jamais abandonné personne, bien que cela en ait parfois l’air.

C’est aux historiens et autres savants de répondre à la question de savoir comment l’idée de l’expiation a pu s’introduire dans le christianisme. L’hypothèse du péché originel et héréditaire lancée au Ve siècle après J.C., et devenue dogme au Concile de Trente 1000 ans plus tard, est en contradiction évidente avec Ez 18,20 (« Un fils ne sera pas chargé de la faute de son père, un père ne sera pas chargé de la faute de son fils. La justice du juste sera sur lui, et la méchanceté du méchant sera sur lui. ») Cette hypothèse fait manifestement aussi partie de cette culture du péché.

J. Onck (Gard)

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Temple, lieu profane ou sacré ?

Permettez-moi de réagir à la chronique de B. Félix sur le mot « temple » (ces « mots qu’on n’aime pas »).

Si les protestants ont appelé leur lieu de culte « temple », c’est peut-être d’abord en mémoire du temple de Jérusalem, qui n’est pas seulement le lieu des sacrifices, mais aussi le lieu de la Présence de Dieu, qui retentit par sa Parole.

Les protestants sont en général convaincus que la Réforme a rompu avec la sacralisation des lieux de culte. Il est vrai qu’on trouve des citations de réformateurs rappelant que le temple n’est pas un « habitacle particulier de Dieu ». Mais cela signifie-t-il qu’un temple soit un lieu profane comme un autre ? Pas sûr du tout ! Bernard Reymond dans son livre « l’architecture religieuse des protestants » cite la Confession helvétique postérieure : « Or comme nous croyons que Dieu n’habite point ès temples faits de main d’homme, aussi nous savons que les lieux dediez à Dieu et à son service ne sont point profanes, mais sacrez à cause de la parole de Dieu et l’usage des choses sainctes auquel ils sont employez : et que ceux qui les frequentent y doivent venir en toute modestie et reverence, se souvenans qu’ils sont en un lieu sainct, en la présence de Dieu, et de ses saincts Anges »

À un moment où nos temples se transforment parfois en salle de banquet ou en salle de bal, voilà une citation qui devrait nous faire réfléchir.

Christian Barbéry,
pasteur à Paris-Auteuil

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